Le CREDOC a réalisé la première enquête en France sur la travail non déclaré ou travail au noir.
3.9% de la population interrogée reconnaît ainsi avoir travaillé de manière dissimulée au cours du mois dernier et 8.6% entre 2012 et 2015. L’activité dissimulée constitue, dans la majorité des cas, un second emploi, le plus souvent à temps partiel. Dans le secteur des services à la personne, 20% des répondants ayant eu recours au travail d’une personne à domicile au cours du mois précédent l’enquête reconnaît ne pas avoir déclaré toutes les heures effectuées.
Les 2/3 des Français considèrent qu’au moins 20% de leurs compatriotes travaillent de manière non déclarée. Mais, 51% d’entre eux pensent que leur entourage n’est pas concerné. En fait le travail au noir est bien une réalité française.
Le travail dissimulé touche toutes les catégories sociales et toutes les classes d’âge. Cependant, les hommes ainsi que les bas revenus sont plus représentés. Les retraités sont, en revanche, très peu représentés.
53% des travailleurs dissimulés sont des salariés ou exerce pour leur propre compte, 21% sont demandeurs d’emploi, 18.2% sont étudiants et 7.8% sont retraités ou personnes au foyer.
Les secteurs les plus touchés sont la construction (21%), l’hébergement et la restauration (20%), ainsi que les arts et spectacles (9%). Ces trois secteurs représentent la moitié du travail non déclaré.
La rémunération horaire pour le travail dissimulé est en moyenne de 10€ de l’heure, c’est-à-dire supérieure au SMIC horaire (au 1er janvier 2017, le SMIC horaire est de 9,76€ net) et très proche du salaire horaire déclaré net donné par l’enquête (11€).
La première des motivations avancées pour l’exercice d’une activité dissimulée est d’obtenir un complément de revenus. 43% des fraudeurs expliquent également qu’ils n’ont pas eu le choix.
Enfin, trois fois sur quatre, le travail non déclaré a été obtenu par le biais d’un proche ou d’une connaissance. Le système de petites annonces ou d’offres sur Internet semble très peu mobilisé.
Le travail dissimulé est mieux toléré par nos concitoyens que, par exemple, la perception indue de prestations sociales, comportement jugé totalement inacceptable par 74% des personnes interrogées. 30% pensent que le travail dissimulé est un comportement toléré ou acceptable et 39% qu’il est acceptable de faire travailler quelqu’un sans le déclarer.
L’emploi d’une personne à domicile sans la déclarer et l’exercice d’une activité dissimulée sont jugées moins risquées que de ne pas déclarer l’ensemble de ses revenus aux impôts ou de percevoir indûment des prestations sociales.