Le nettoyage est une activité de main-d’œuvre globalement peu qualifiée. Ce secteur emploie une proportion élevée de femmes, de salariés à temps partiel et de travailleurs âgés. Il est dynamique : son chiffre d’affaires, 15 milliards d’euros en 2015, a progressé de 65 % en dix ans, sous l’effet de l’externalisation massive des fonctions support des entreprises. Cette croissance est nettement plus élevée que celle de l’ensemble des services aux entreprises. En raison de la part importante des salaires dans la valeur ajoutée, le taux de marge est faible dans ce secteur (10 %). Toutefois, il se redresse depuis 2013, grâce à la montée en charge du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi et à la mise en place du pacte de responsabilité et de solidarité. Les grandes entreprises concentrent un tiers de l’activité du secteur ; elles laissent une part de marché importante aux autres entreprises, surtout aux petites et moyennes entreprises.

 

Le secteur du nettoyage emploie 404 000 personnes en 2015

En 2015, le secteur du nettoyage génère un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros, soit 4 % de celui des services aux entreprises. Il compte 38 000 unités légales (entreprises individuelles ou sociétés) et emploie 404 000 personnes, soit 294 000 salariés en équivalent temps plein.

Les opérateurs des services de nettoyage proposent des prestations classiques dites « nettoyage courant » (de tout type de bâtiments et activités combinées) et des prestations spécialisées dites « nettoyage spécialisé » (nettoyage industriel, ultra-propreté, etc. Le « nettoyage courant » occupe une place prépondérante puisqu’il représente les trois quarts du chiffre d’affaires du secteur. Il s’agit, pour l’essentiel, de « nettoyage courant de bâtiments » (10 milliards d’euros) ; les « activités combinées » n’ont qu’un poids marginal (0,9 milliard). Le « nettoyage spécialisé » recouvre principalement le nettoyage industriel au sens large (de locaux et machines industriels ; 2,3 milliards), mais aussi le nettoyage dit 3D (désinfection, désinsectisation et dératisation) et d’autres activités de nettoyage.

Une croissance plus rapide que dans les autres services aux entreprises

Entre 2005 et 2015, le chiffre d’affaires en valeur du secteur du nettoyage a progressé plus rapidement que celui des services aux entreprises hors intérim (+ 5,1 % contre + 2,2 % en rythme annuel). Peu affectée par la crise de 2009, sa croissance est continue. Elle est supérieure à celle de la sécurité, autre activité de soutien aux entreprises et également à fort contenu en main-d’œuvre (+ 3,5 %).

En effet, le secteur a bénéficié depuis les années 1970 de l’externalisation massive des fonctions support des entreprises. Celles-ci sous-traitent de plus en plus souvent leurs services généraux afin de réduire leurs coûts et de se recentrer sur leur cœur de métier.

Le secteur concentre les trois quarts des nettoyeurs

L’externalisation des activités de nettoyage a renforcé le secteur du nettoyage. Celui-ci emploie 76 % des nettoyeurs en 2015, contre 68 % en 2009, soit une création nette de 4 000 emplois sur cette période. Cette hausse ne compense pas la baisse constatée dans les autres secteurs marchands, hors activité des ménages (– 54 000 emplois nets).

La professionnalisation du secteur se renforce

Les normes techniques de qualité de nettoyage se sont durcies. Les besoins de la clientèle se sont donc accrus, notamment en matière de nettoyage spécialisé. Les professionnels du nettoyage ont alors développé leurs stratégies de spécialisation ou de diversification des activités. Ainsi, depuis 2005, le chiffre d’affaires du nettoyage spécialisé dans les bâtiments et du nettoyage industriel a augmenté plus vite que celui du nettoyage courant des bâtiments (+ 8,1 % contre + 5,3 %).

Des grands groupes, mais aussi un important tissu de petites entreprises

Les deux tiers du chiffre d’affaires du secteur du nettoyage proviennent de 22 grandes entreprises (GE) et de 2 600 petites et moyennes entreprises (PME hors micro-entreprises dans cette étude). Le dernier tiers est assuré par 170 entreprises de taille intermédiaire (ETI) et plus de 34 000 micro-entreprises (dont auto-entrepreneurs).

Les 22 GE sont présentes sur l’ensemble du territoire national. Elles disposent d’une gamme élargie de prestations de propreté et sont capables de répondre aux appels d’offres des clients « grands comptes », quel que soit leur secteur d’activité (tertiaire, transport, industrie, secteur public, etc.). Elles peuvent être assistées par de petites structures indépendantes (hors groupe) du secteur de la propreté, qui collaborent en tant que sous-traitantes. Six de ces GE sont spécialisées dans le nettoyage, cette activité concourant pour plus des trois cinquièmes à leur valeur ajoutée. Elles sont actives à l’international, puisque 15 % de leurs ventes sont réalisées à l’étranger. Pour les 16 autres GE, le nettoyage est une activité secondaire, leur activité principale étant notamment le traitement des déchets, la restauration collective ou la construction. Ces grandes structures sont moins spécialisées dans le nettoyage que les ETI et les unités de plus petite taille.

Les petites structures (PME et micro-entreprises) interviennent plutôt au niveau local. Leur petite taille semble plus adaptée sur le segment du nettoyage spécialisé, marché de niche en expansion où elles représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires.

Le nombre de micro-entrepreneurs a fortement progressé ces dernières années : 10 000 en 2015, contre 5 500 en 2010, mais leur poids reste limité à 0,6 % du chiffre d’affaires du secteur en 2015 (comme en 2010).

Les principaux opérateurs intervenant dans le nettoyage

On distingue trois grands modèles de groupes :

– les groupes très spécialisés dans le nettoyage, comme Opale Défense, Cofigor ou encore OMS Synergie. Ils réalisent plus de 90 % de leur chiffre d’affaires total dans le secteur du nettoyage. En 2015, ils contribuent pour 23 % au chiffre d’affaires que les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire réalisent dans l’activité de nettoyage. Ce sont uniquement des entreprises de taille intermédiaire.

– les groupes du nettoyage diversifiés. Le nettoyage représente entre 50 % et 90 % de leur chiffre d’affaires. Ils s’inscrivent dans une logique de facilita management, comme Atalian, ISS ou Onet. Ce segment représente 45 % du chiffre d’affaires du champ des grandes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire.

– les groupes d’autres secteurs ayant une activité minoritaire dans le nettoyage, comme Sodexo ou Elior, davantage présents dans la restauration collective.

Le recours à la sous-traitance s’accroît

Les entreprises du secteur du nettoyage ont davantage recours à la sous-traitance : de 6,0 % du chiffre d’affaires en 2005 à 8,2 % en 2015. Cela explique la moitié de l’accroissement des consommations intermédiaires (+ 6,6 %), qui progressent plus rapidement que les ventes. Ainsi, la valeur ajoutée du secteur n’augmente que de 4,4 % sur la période.

Le taux de marge se redresse depuis 2013

Au sein des services aux entreprises, le nettoyage se caractérise, comme toutes les activités de main-d’œuvre, par de moindres consommations intermédiaires (31 % du chiffre d’affaires en 2015 contre 49 % dans les services aux entreprises) et un taux de marge modeste (10 % contre 19 %. Ce niveau peu élevé du taux de marge est lié à la faiblesse de l’intensité capitalistique du secteur. Par conséquent, les frais de personnel représentent une part importante de la valeur ajoutée, en dépit de rémunérations peu élevées (24 000 euros par an en moyenne par salarié en équivalent temps plein au lieu de 44 000 euros dans les services aux entreprises hors intérim).

Sur la période 2005-2015, le taux de marge baisse de 10,1 % en 2005 à 7,3 % en 2012, puis se redresse : 8,7 % en 2014 et 10,0 % en 2015.

Sur cette période, les frais de personnel (+ 4,5 % en moyenne annuelle) sont aussi dynamiques que la valeur ajoutée. Cette forte croissance des frais de personnel est davantage tirée par les rémunérations (+ 4,9 %) que par les cotisations patronales (+ 3,2 %), du fait du renforcement des dispositifs d’exonération de cotisations sur les bas salaires.

Le taux de marge est soutenu durant les dernières années par les mesures gouvernementales visant à réduire le poids des dépenses de personnel : le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en 2014 et le pacte de responsabilité et de solidarité en 2015.

Malgré la baisse des marges, la rentabilité économique de ce secteur reste très supérieure à celle des services aux entreprises (22 % contre 12 %), en raison du faible montant des immobilisations.

Des caractéristiques d’emploi atypiques

Dans le secteur du nettoyage, la main-d’œuvre est globalement peu qualifiée. En 2015, les salariés y travaillent deux fois plus souvent à temps partiel (44 %) que dans l’ensemble des services aux entreprises. En dépit d’une moindre proportion de contrats courts (16 % des salariés présents au 31 décembre, contre 19 % dans les services aux entreprises), le taux de rotation du personnel (26 %) est plus élevé que celui de la moyenne des services aux entreprises (21 %).

La main-d’œuvre est majoritairement féminine (58 %), plus âgée (38 % de plus de 50 ans, contre 25 % dans les services aux entreprises) et comporte une forte proportion d’étrangers (35 %).

La moitié des salariés cumulent plusieurs emplois. En plus de leur emploi principal dans ce secteur, ils peuvent avoir un second emploi dans une autre entreprise de nettoyage (27 %), mais plus souvent dans la santé humaine et l’action sociale, l’hébergement et la restauration, le commerce, l’administration ou chez des particuliers.

Compte tenu des moindres qualifications et durées du travail, les salariés du secteur du nettoyage perçoivent un salaire annuel brut médian de 19 600 euros (en équivalent temps plein), nettement en deçà du salaire médian des services aux entreprises (27 700 euros).

 

Previous post

Info : le secteur privé a créé 277.000 emplois en 2017

Next post

5 mots magiques à mettre sur le CV des + de 40 ans