Dans les ateliers de Renault et PSA, les intérimaires sont devenus presque aussi répandus que les CDI! A la fin Octobre, les deux groupes employaient 4 200 intérimaires de plus par rapport à la même époque l’an dernier, alors qu’ils n’ont embauchés que 1 300 CDI depuis janvier…
Des résultats plus contrastés chez PSA
Renault est le plus représentatif puisque les intérimaires représentent 45% des effectifs du constructeur automobile (hors personnels administratifs, vente…), soit 6 000 salariés, presque autant que le nombre de CDI. Mais si l’on ne prend en compte que les effectifs qui travaillent sur les lignes d’assemblage alors dans certaines usines les intérimaires sont plus nombreux que les salariés en CDI. Par exemple, ils représentent 60% des effectifs dans l’usine de Sandouville et ils sont 1 600 contre 1 414 CDI à Flins. Le groupe n’avait jamais connu de tels niveaux.
Chez PSA, les résultats sont plus contrastés. En France, les intérimaires représentent 13% des effectifs. Par exemple à Mulhouse, ils sont 1 365 pour 5 319 ouvriers, dont 800 pour l’équipe du weekend. « Celle-ci est presque entièrement composée d’intérimaires. Les seuls CDI de l’équipe sont les encadrants », dit-on dans l’usine. Le gros avantage de prendre des intérimaires pour les constructeurs automobiles c’est qu’il y a différents cycles dans les usines. « Les usines auto ont toujours vécu en dents de scie, en fonction des lancements de nouveaux véhicules. Il faut produire beaucoup avant le lancement, puis dans les premiers temps du modèle. Mais beaucoup moins ensuite » affirme Franck Don, représentant CFTC chez PSA.
« Une ligne composée en majorité d’intérimaires, c’est un risque en termes de qualité »
Le marché européen de l’automobile va mieux et Renault a lancé une flotte de nouveaux modèles. Mais cela ne veut pas forcément dire de nouvelles embauches, en effet, la direction n’a promis que 500 nouveaux recrutements d’ouvriers. Fortement touchés par la crise, les deux constructeurs automobiles avaient réduit leur main d’oeuvre. Ils sont maintenant très prudent quant à la reprise et limitent les recrutements en CDI (en 2016, PSA souhaite embaucher 2 000 emplois jeunes). « La direction de PSA veut abaisser la masse salariale de 14 à 10 % dans le cadre du plan “Back in the race” », note Christine Virassamy, à la CFDT.
Un délégué syndical de l’usine de Flins souligne que « Une ligne composée en majorité d’intérimaires, c’est un risque en termes de qualité ». En effet, les intérimaires sont moins qualifiés même s’ils sont formés. A Douai où sont construits les modèles haut de gamme de Renault, les syndicats ont pris en main le sujet. Les accords de compétitivité qui seront négociés l’année prochaine se pencheront certainement sur le sujet.