L’économie sociale et solidaire (ESS) c’est ;
-
10 % du PIB réalisés par 200 000 entreprises ;
-
2 380 000 salariés représentant une masse de 54 milliards d’euros ;
-
12,7 % des emplois privés en métropole et en outre-mer ;
-
Une progression de 24 % de l’emploi privé depuis 2000 ;
-
600 000 recrutements d’ici 2020 en raison des départs à la retraite.
Le Cnam, en partenariat avec l’Apec, a mené une enquête auprès d’un échantillon de jeunes en début de carrière dans le secteur de l’ESS ou désirant s’y insérer. Les résultats montrent que les jeunes sont de plus en plus intéressés par l’économie sociale et solidaire (ESS).
Une caractéristique assez commune des jeunes interrogés est leur détermination à construire par eux-mêmes leur vie et leur carrière. Cela peut se traduire dans leurs choix de formation ou dans les expériences qu’ils ont souhaité mener en marge de celles-ci. Ces choix ont pu se faire au détriment des conventions sociales et parfois ont été l’objet de conflits familiaux. Réaliser un stage au sein d’une ONG est l’un de ces choix pouvant attirer la désapprobation, notamment pour les jeunes d’école de commerce où ces expé- riences sont marginales. Les exemples de parcours semblent montrer que les jeunes interrogés perçoivent le travail avant tout comme source d’épanouissement, de réalisation de soi, mais également comme ayant une forte finalité sociale. Ils ne valorisent pas le confort ou la praticité d’une voie « royale » au détriment de leurs intérêts.
La socialisation à la sphère de l’ESS est souvent précoce. Pour la moitié des jeunes interrogés, leurs parents ont joué un rôle dans leur sensibilisation et donc leur engagement dans des activités associatives, par l’ouverture sur les autres cultures ou par l’exemple de membres de leur famille engagés dans des activités (professionnelles ou non) dans le social et qui deviennent des modèles.
Une grande majorité des jeunes interrogés ont eu des expériences bénévoles, membres ou créateurs d’associations, parfois intégrées à leur parcours de formation. Dans ces activités, ils ont mené des missions à la fois d’aide à autrui mais également des activités de gestion ou d’ingénierie qui peuvent être en cohérence avec leur profil.
Les représentations des jeunes diplômés sont en cohérence avec les discours tenus notamment par les structures de l’ESS elles-mêmes :
– Le développement d’activités d’intérêt général : plus qu’une liste de structures spécifiques, l’ESS regroupe les activités liées à un projet de société.
– Le soin à autrui, les actions solidaires : l’ESS est liée au développement de l’entraide et du lien social, avec en toile de fond l’idée de ne pas nuire à quiconque.
– Une production d’activité détachée du profit financier : si la rentabilité n’est pas absente des structures de l’ESS, devant notamment assurer leur durabilité, les jeunes interrogés s’accordent à considérer que cette dimension ne doit pas être prioritaire. Le point essentiel pour les jeunes semble être que les structures de l’ESS n’ont pas vocation à enrichir leurs membres ou des actionnaires.
– La production d’innovations, et notamment d’inno- vations sociales, dans un secteur qu’ils perçoivent comme permettant plus de marge de manœuvre.
– La réalisation d’activités dans un cadre démocra- tique : il est attendu que les organisations s’ap- pliquent à elles-mêmes un fonctionnement participa- tif, respectueux de chacun, en cohérence avec le projet social porté à plus large échelle.
– Le sens du travail : connaître la finalité de son tra- vail et surtout y adhérer.
Alors que les jeunes interrogés présentent tous le point commun de vouloir occuper un poste dans l’ESS, les centres d’intérêts professionnels et donc les types de postes envisagés sont très divers :
– Développement social, et notamment l’insertion des personnes en difficulté.
– Développement durable, écoconception ou développement local.
– Soutien aux pays en développement, souvent associé à un fort goût du voyage et une capacité d’adap- tation aux modes de vie variés.
– Développement rural.
– Développement artistique et culturel.
Les jeunes interrogés ont des attentes précises concernant le type d’emploi qu’ils voudraient trouver et le déroulement de leur vie au travail. Ils ont le sentiment que l’ESS leur garantira un emploi plus épanouissant qui leur permettra de surcroit de contribuer au changement économique et social. La stimulation intellectuelle, la créativité et la variété des activités reviennent fréquemment dans leurs vœux pour leur futur emploi.
Ils pressentent cependant, au travers de leurs expé- riences de stage, de travail ou de bénévolat, les problèmes existants dans le secteur. Celui-ci les a parfois déçus : mauvaises conditions d’emploi, organisations précaires, difficultés à faire valoir son statut de salarié dans les relations avec les bénévoles… Certains points d’inquiétude concernent également ce qui était perçu comme le cœur de l’ESS par les jeunes interrogés : répartition équitable des gains, gestion démocratique, structures qui dépendent parfois d’entreprises du secteur marchand.